Programme de Littérature

On célèbre en 2024 le quarantième anniversaire de Vies minuscules (1984), ce livre singulier qui révéla le talent de Pierre Michon. Et si le moment était venu de revenir sur le parcours du plus « classique » de nos contemporains, depuis cette émergence dans le champ littéraire jusqu’à la publication remarquée des Deux Beune en 2023. Quarante ans d’une œuvre qui a suscité nombre d’études savantes et de lectures passionnées, malgré sa relative minceur. Comment comprendre ce paradoxe ? Pourquoi une telle reconnaissance, étrangère à tous les effets de mode ? Michon mérite assurément plus qu’un détour…

Vienne a été l’une des capitales de la culture européenne entre la fin du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle. Capitale, jusqu’en 1918, d’un Empire autrichien déclinant, elle fut le site d’une moisson exceptionnelle de talents et de génies (Musil, Broch, Freud, Klimt, Schiele, etc.), et à certains égards un « laboratoire de la modernité ». L’exhaustivité étant impossible, on se proposera de donner quelques clés de cet « âge d’or » de la culture viennoise à partir de l’œuvre d’une de ses figures les plus emblématiques, les plus accessibles et les plus attachantes, Stefan Zweig, non sans quelques excursions du côté de ses grands contemporains : Arthur Schnitzler ou Joseph Roth.

L’essor de l’aviation réalise, au XXe siècle, les rêves d’envol que portaient depuis plusieurs millénaires les figures de Phaéton, Dédale, Icare – pionnier mythologique de l’aéronautique dont la trajectoire, éblouie et tragique, a nourri l’imagination littéraire et artistique. Mais les héros historiques de l’aviation sont eux-mêmes érigés en figures légendaires et l’imaginaire de la chevalerie ennoblit, voire sacralise leurs exploits. L’attention se concentrera sur des écrivains qui ont connu les risques du vol : Antoine de Saint-Exupéry, Joseph Kessel, André Malraux, et aussi Louise Faure-Favier, qui rappellera la part audacieuse prise par les aviatrices dans la conquête du ciel. Or, par-delà le romanesque de l’aventure ailée, une réflexion grave et complexe sur ce qui fonde sa grandeur véritable se creuse à travers leurs œuvres : leurs voix s’élèvent parmi les exaltations suspectes de la bravoure et de l’héroïsme sacrificiel dont les échos se prolongent de l’entre-deux-guerres à l’actualité contemporaine.

Né de la Révolution, hanté par le spectre de la guillotine, le XIXe siècle aurait-il d’emblée perdu la tête ? Alors que, des travaux des premiers aliénistes jusqu’aux expériences de Charcot, la médecine constitue progressivement les pathologies mentales en objet d’étude, les écrivains, eux, vont s’attacher avec passion à décrire, analyser, explorer les signes de la folie. Cette histoire littéraire de la folie, menée tout au long du siècle, est aussi une manière d’interroger la fragile limite entre aliénation mentale et génie créateur.