Programme de Philosophie

Alors que le niveau d’éducation et la disponibilité de l’information ne cessent de croître, on observe parallèlement l’émergence de nouvelles formes de crédulité. Il s’agit ici de décrire les mécanismes qui président à ce curieux paradoxe en montrant comment il est la conséquence du fonctionnement ancestral de notre cerveau et de notre modernité informationnelle.

La crise que nous traversons, qu’elle soit politique, écologique, sociale, peut se décrire par une structure d’indifférenciation mise au jour par René Girard ou Hannah Arendt. Or cette indifférenciation donne lieu à de l’indifférence – au vrai (post-vérité), à l’éthique (banalité du mal), au temps (présentisme). L’une des clés de lecture ici proposée est de repenser la notion inverse de«différence» qui, de façon symptomatique, est au cœur des grands débats actuels : les féminismes, l’antispécisme, le transhumanisme. La Différence est aussi au cœur de la philosophie contemporaine.

Le contraire de la laïcité n’est pas la religion, c’est le fondamentalisme, soit le projet de soumettre l’ensemble de la vie individuelle et commune à l’emprise d’une seule loi, qu’elle soit religieuse ou idéologique. Face à cet ennemi, la laïcité revendique un régime de séparation. Séparation, non seulement entre les églises et l’Etat (loi de 1905), mais aussi entre les différentes dimensions de l’existence : la sphère privée (où elle permet la liberté), la sphère publique (où elle garantit la neutralité) et la sphère civile (où elle veille à la discrétion, condition de la vie commune). L’islamisme constitue un nouveau et redoutable défi dont il faut bien mesurer l’ampleur internationale.

Saint-Augustin n’a pas seulement marqué son époque. Sa pensée a influencé de nombreux héritiers, dont la philosophie irrigue encore notre temps. Qui sont-ils ?

Le nom de Hegel est communément associé à la notion de « philosophie de l’histoire ». Mais que recouvre au juste ce concept d’ « histoire » auquel il a donné ses lettres de noblesse ? Il ne désigne pas un objet parmi d’autres que la philosophie avant lui aurait négligé ou insuffisamment traité. Il renvoie à une mutation de l’expérience du devenir qui s’est produite au temps de Hegel et dont il a su éclairer la portée en «saisissant son temps dans la pensée », selon sa propre expression. « Il fut le premier, comme l’a écrit Engels, à essayer de montrer qu’il y a dans l’histoire un développement, une cohérence… ». Même si nous ne pouvons plus penser l’histoire comme Hegel – ou comme Engels et Marx – retrouver le sens de cette découverte est encore la voie la plus sûre pour s’orienter dans ce nouvel élément où le monde humain-social a été projeté alors et dans lequel nous baignons toujours.

L’ombre de Descartes est omniprésente dans notre culture. On l’associe habituellement au projet de « la Modernité ». Qu’en est-il vraiment ? Comment comprendre les philosophies qui se sont appuyées sur son œuvre, constituant un, ou plutôt des cartésianismes ?

Apprendre… ou à laisser. Si l’éducation est aujourd’hui présentée comme un droit, l’apprentissage semble plutôt relever d’un devoir. Un devoir double: du côté du formateur, instituer la relève de l’humanité, armer les corps et les esprits pour perpétuer ou améliorer la société ; du côté de l’élève, du nouveau venu, assurer cette relève par l’acquisition de savoirs, la construction de soi et l’élaboration d’une pensée propre. Si le devoir de transmettre se comprend aisément, comment justifier l’engagement dans la mission à laquelle tout individu est appelé ? Que répondre à qui serait tenté de clamer un droit à l’ignorance ou à la paresse ? La tradition philosophique prend à bras-le-corps cette question déterminante. De Platon à nos jours, exploration buissonnière des raisons d’apprendre.

Devons-nous prendre au sérieux l’avertissement de Nietzsche lorsqu’il nous annonce à la fin du XIXe siècle, qu’avec le nihilisme, c’est l’histoire des deux siècles à venir qu’il nous raconte? L’explosion de nouvelles formes de conflits, la montée des populismes, le terrorisme, la menace nucléaire etc… nous confrontent-ils à un mal que nous avions pu croire, à la fin du XXe siècle, derrière nous, ou s’agit-il d’un mal nouveau que nous n’avions majoritairement pas vu venir, et qui met en déroute la réflexion ? Comment le penser pour mieux s’y confronter?