Incorporer de l’éthique en médecine : comment faire ?
“C’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme”, écrit Montaigne dans le livre I de ses Essais. Cette phrase résonne particulièrement pour la médecine et la philosophie, deux…
Questions d'éthique médicale, par Eric Fiat - Les Mardis de la Philo
“C’est un sujet merveilleusement vain, divers et ondoyant que l’homme”, écrit Montaigne dans le livre I de ses Essais. Cette phrase résonne particulièrement pour la médecine et la philosophie, deux disciplines qui mettent l’humain au coeur de leurs questionnements.
Mais médecine et éthique sont-elles incompatibles ? Bien loin de là : depuis le XXe siècle et le développement de la bioéthique, celle-ci est au contraire nécessaire et obligatoire au sein des pratiques médicales.
L’éthique, particulièrement, est le champ de la philosophie tourné vers autrui ; elle interroge nos rapports sociaux et nos comportements humains, et permet ainsi d’orienter notre conduite en société. Trois principes, en apparence d’une clarté totale et très solides, sont constitutifs de toute éthique possible : le principe de non-nuisance, « ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’autrui te fasse », le principe de non-indifférence, « ne laisse pas faire à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’autrui te fasse à toi ou à tes proches », et enfin le principe de bienveillance, « fais à autrui ce que tu voudrais qu’il te fasse ».
Il semble donc évident d’incorporer de l’éthique dans ce qui touche l’homme le plus intimement : la maladie. Elle n’est pas uniquement un fait biologique et physiologique qui nous attaque, et que le médecin peut observer et panser avec un simple point de vue extérieur. Elle est, plus profondément, un bouleversement total, une « catastrophe intime », pour reprendre les termes de Claire Marin, qui renverse tout sur son passage. Souvent, le patient éprouve d’ailleurs des difficultés à exprimer cette souffrance, événement pourtant banal, quotidien puisque qui vit est amené à souffrir, mais toutefois exceptionnel par le cataclysme qu’elle induit et dont le malade portera les cicatrices pour le restant de ses jours.
Ainsi, face à ce langage qui ne paraît pas assez puissant pour porter et faire entendre ce fardeau qu’est la maladie, une médecine purement philosophique doit prendre le relais : l’éthique est là pour penser la dignité du malade, le respect et la considération qu’il mérite, ou encore le secret médical et les différentes lois qui encadrent le secteur de la santé.
Eric Fiat, dont les travaux portent sur la fragilité humaine, viendra donc aborder ces questions passionnantes lors d’un cycle aux Mardis de la Philo, dès le 19 septembre : le malade ne peut-il pas perdre le sentiment de sa dignité ? Comment concilier soins vitaux et libre-arbitre du malade ? Quelle est la frontière entre “soigner” et “contraindre” ? Comment faire pour que la pudeur ne dégénère pas en honte ? Le secret médical rencontre-t-il des limites ?